mercredi 23 décembre 2009
La Vérité sur l'Assassinat de John Lennon - Fin
Les roulements de tambour résonnaient dans la grande salle. Les flammes du brasier central dansaient avec les ténèbres, projetant des visions étranges sur les murs de pierre et les tentures ; la lune montrait parfois son croissant par les fenêtres, là-haut, avant de se cacher derrière un nuage, comme un enfant regardant la télévision en cachette à travers l’entrebâillement d’une porte à une heure où il devrait être couché depuis bien longtemps.
La cérémonie se déroulait glorieusement. Les chants étaient chantés, les implorations implorées, les mélopées mélopées. La foule des participants, principalement des humains – car chacun des participants était principalement un humain – vibrait d’une excitation retenue. Leur souhait de toujours allait bientôt se réaliser, après tant d’échecs et de frustration, de combat quotidien et de recherche patiente. La Prêtresse au centre du cercle. L’Elu, oint selon les termes du Livre Sacré à Majuscules, portant la Coiffe du Caribou et la Fourrure du Tapir, s’apprêtait enfin à pénétrer l’Enceinte Céleste, et pour rejouer avec la zoanthrope l’intrigue de nombreux films suédois à petits budgets. Sauf qu’à la fin, les protagonistes sauvent les spectateurs.
John fit un pas en avant. Les chants se firent plus pressants.
Son pied droit rejoignit son pied gauche puis le dépassa pour se poser quelques centimètres plus loin. Les implorations augmentèrent de plusieurs décibels.
Le hotdoguier promu Elu des hommes-bêtes réitéra l’opération avec son pied gauche, manoeuvre rendue délicate par son accoutrement pesant et déséquilibré. Il faillit trébucher, mais retrouva son équilibre. Les mélopées envahissaient l’espace sonore comme un éléphant dans un ascenseur.
Enfin, il entra dans le cercle. Les voix, les jappements, les grognements, les criaillements, meuglements, ricanements, feulements et quelques coassements s’amplifièrent jusqu’à envahir la vaste pièce d’une cacophonie terrifiante.
John put ôter ses andouillers et le reste de ses atours. Et de ses vêtements. Il prit la jeune femme dans ses bras. Le monde devint soudainement muet.
Un sage aurait dit un jour durant sa méditation : « S’il est possible que quelque chose tourne mal, quelque chose tournera mal, et au plus mauvais moment. » C’est donc à ce plus mauvais moment que la porte explosa.
Une armée de bêtes et bestioles s’engouffra dans la salle et engagea immédiatement le combat avec les participants de la cérémonie. Un tigre mordait un ours, un crapaud était sauvagement piétiné par un tamanoir qui fut lui-même égorgé par un gigantesque chien, et tout n’était plus que griffe contre crocs contre venin contre sabots. Alors que ce concentré de loi de la jungle s’invitait dans le refuge, quelques défenseurs menés par Betty Printemps vinrent former un vrai mur vivant autour des deux époux allégoriques et de Neil Young qui préférait être de ce côté de la bataille darwinienne. Le Magickien marmonnait, les yeux clos.
« Mais qu’est-ce qui se passe ? hurla John pour se faire entendre par dessus les cris.
- Les Sauvages ! Cet endroit était un secret depuis toujours, mais ils nous ont retrouvé ! Attention là-haut !»
Un singe était perché au rebord d’une fenêtre et s’apprêtait à lancer un gros caillou dans leur direction. Un rapace piqua vers lui et le déséquilibra, lui donnant un rendez-vous immédiat et sans retour avec le sol. La pierre se perdit à l’extérieur.
Neil se tut. Au milieu du vacarme, une ombre s’éleva du sol, faisant apparaître la silhouette noire d’une monstruosité. A l’horreur de tous, elle se solidifia, et le nouvel arrivant matérialisé semblait fâché. Peut-être n’était-ce qu’une impression fondée sur ses crocs monumentaux qui l’empêchait de fermer totalement les mâchoires, sur sa peau d’écailles luisantes et animées d’un mouvement hideux, ou bien sur sa ressemblance générale avec ce genre de poissons qui hantent les ténèbres des fonds marins. Neil sourit. « Tue ».
La boucherie qui s’ensuivit de mérite pas d’être explicitée.
Les plus rapides s’étaient précipitamment rangés derrière le magicien, le hotdoguier, la Chasseuse et la Prophétesse callipyge ; les retardataires et les Sauvages eurent un sort moins enviable. La créature venue des fins fonds de l’improbable se retrouva seule parmi des restes de viandes fumantes.
« Hum... Et maintenant ? s’inquiéta le hotdoguier.
- Et maintenant je la révoque vers son pays natal plus rapidement qu’un charter ministériel. Allez John, dis au revoir à madame Carnage ! »
La susnommée Madame Carnage se redressa au prénom de l’Elu. Un grondement sourd tiré de quelque organe vibrant se modula en voyelles et consonnes affreusement déformées :
« Llléénowwn ? »
L’appelé devint soudainement beaucoup plus nerveux. Certaines choses ne devraient jamais connaître votre nom. En particulier la machine à tuer qui se tenait devant lui. Lui répondre de quelque manière que ce soit ne lui apporterait certainement que des ennuis, même si la curiosité le tentait. Lennon était prudent, évidemment, et loin d’être stupide.
« Qui le demande ? »
Pas suffisamment loin ceci dit.
L’invocation poussa alors un long cri grave interrompu périodiquement par une sorte de hoquet monstrueux. Des glaces encore en place finirent de se briser et se répandirent en éclats de verre sur le sol. La bête riait. D’un geste si vif qu’il traitait le mur du son comme du Placoplâtre, son bras se tendit vers Lennon, éjectant une griffe qui s’envola à travers la pièce. John, protégé par les dieux, la chance ou la narration, bondit avant même de le savoir. Un battement de cœur plus tard, la Prophétesse était empalée sur le mur du fond, les pieds au-dessus du sol, la gorge transpercée par le javelot, sa bouche s’agitant pour hurler des phrases inaudibles alors qu’elle s’étouffait dans son propre sang.
« Raaaawwh ! » geignit la chose.
Un deuxième projectile de mort fusa aussitôt. Il heurta une barrière invisible et retomba au sol comme une plume.
« On va discuter d’abord», lança Neil l’Encore Plus Jeune derrière son bouclier astral.
La créature se transforma, ou plutôt devint ce qu’elle avait toujours été sans jamais l’être. Pensez à ces dessins de lapins où en changeant de paradigme, on s’aperçoit qu’il s’agissait en fait de canards depuis le tout début. Ca n’a rien à voir, mais vous commencez à croire que vous comprenez le principe.
En tout cas, on voyait maintenant une femme en toge à la place de la destruction sur pattes.
Elle pointait toujours le hotdoguier du doigt.
« Tu vas payer pour tes crimes, tyran !
- (murmures d’incompréhension)
- J’ai monté toute une organisation contre toi, j’ai fait pleuvoir la mort du ciel, j’ai informé tes ennemis, j’ai armé mes mages, tout ça sans succès jusqu’à cet instant mais cette fois, ta vie est bien terminée ! Fnord !
- Que... Trop ! Non ! Je refuse ! Oui, cette fois, c’est terminé, nom d’un sous-marin jaune ! Parce que vous allez m’expliquer ce qui se passe ! Qu’est-ce que j’ai fait pour que tout l’univers et au-delà essaye de m’étriper ? Qu’est-ce qui vient de.. de... faire ce qui est arrivé à cette jeune fille ? Et, *****, c’est quoi ce Fnord ?! »
Neil prit la parole, gêné.
« En fait... c’est ce que tu pourrais appeler mon maître. Fnord, c’est l’écho du silence... C’est l’espace entre deux pixels d’ordinateurs... C’est l’endroit où les bicyclettes sont libres... C’est la raison pour laquelle la fin se trouve après le début... C’est, hum... l’essence du chaos. C’est le principe à la source de mes pouvoirs, qui ont considérablement augmenté depuis ton arrivée dans ma vie, comme tu as pu le voir... J’avais jamais invoqué beaucoup plus que des rats invisibles, qui venaient me grignoter du fromage astral.
- Et ça vous pousse à tuer sans raison ? demanda John à Madame Carnage.
- John Lennon, le sang des victimes de tes crimes abjects hurle vers moi ! Prépare-toi à les rejoindre dans une éternité de douleur et de folie !
- Mes crimes abjects ? C’est la viande de mes hot-dogs ?
- Euh... ? Ah. Attends... Oh. Mon quinzième sens m’indique que nous ne sommes même pas encore en 2100. Tu n’es donc pas censé être né, qu’est-ce que... Ah. Encore ? Je me suis déjà plantée une fois avec cet autre type à New York... Erreur sur la personne. Sur ce, je file. Salut ! »
L’apparition vengeresse s’évanouit dans les airs.
Les survivants se regardèrent.
Un moment.
« Elle aurait pu s’excuser », fit remarquer la Chasseuse.
Après avoir enterré la Prophétesse avec les honneurs, les zoanthropes revinrent à leur quête d’absolution. John a désormais une nouvelle clientèle pour la « Saucisse dans le Ciel dans un Petit Pain ».
Fnord.
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Ahaha ! Ca y est ! Ca fait trois mois que j'ai rien posté, mais maintenant que j'ai fini ça, je vais pouvoir faire autre chose. Des maths par exemple.
Hum...
Joyeux Noël aux deux lecteurs ! Et aussi aux spambots qui veulent laisser des commentaires..
samedi 3 octobre 2009
Superstar
...Voilà.
samedi 26 septembre 2009
Chapitre VII : Le complot des plantigrades
Chapitre VII - Le complot des plantigrades
Attention : un jeu de mots pourri se tapit à la fin de ce chapitre. Si vous êtes sensible ou si des personnes ayant encore un reste de bon goût lisent présentement cet écran, je vous invite à revenir à l'écran d'accueil de ce site ou aller lire par exemple l'Insoutenable Légèreté de l'Être de Milan Kundera.
Sérieusement, vous feriez mieux d'aller le lire, l'œuvre est de bien meilleur qualité que ces quelques lignes électroniques, elle explore bien mieux les sentiments humains, met en parallèle la légèreté et la pesanteur sur la toile du Printemps de Prague, et on y voit même des filles nues. Et une philosophie du caca.
...
Toujours là ?
Bon, on vous aura prévenu.
**
"Neil ! Psst ! Neil !" chuchota le boulanger.
"..." lui répondit son comparse encore évanoui.
"Neil ! Réveille-toi ! On est dans une cage aux barreaux métalliques épais, dans ce qui semble être un riche manoir, peut-être un château, avec tentures, tapisseries, boucliers aux murs et tout le toutim ! Sauf qu'il y a beaucoup trop de bestioles dans le coin, et que les humains se trimballent complètement nus au milieu d'eux sans la moindre crainte ni pudeur. Oh, l'un d'entre eux est allongé en boule devant la cheminée où rugit un feu gigantesque. Ah... Ah non, apparemment c'est un loup, j'ai dû mal voir. Mais qu'est-ce que... D'accord, maintenant je viens de voir une grenouille se transformer en superbe jeune fille, avec malheureusement des yeux étrangement grands. Et elle vient de gober une mouche.
Mais... ooh... là-haut il y a une sorte de balcon à l'étage, avec un autel couvert d'une lourde tenture pourpre, et une... Nom d'un petit pain, mais c'est Scarlett Johanssen ! Avec un bikini de fourrure !
Pendant ce temps, nous avons les mains foutrement attachées par une chaîne, et je suis sûr qu'un de tes sorts pourrait nous sortir de là...
- Vous avez un problème, les garçons ?"
_
Betty Printemps s'était approchée des prisonniers, ses anciens compagnons. Elle semblait décomplexée dans sa trahison. John comprit que décidément, ils n'auraient jamais dû demander de l'aide à une fille de deux mètres de haut plus lourde et plus velue que les deux prisonniers réunis. Et qui leur avait sauvé la vie. Et permis d'accéder à leur suspect. Et de s'évader du repaire. ...Ah la fourbe vipère !
"Certes, répondit-il en agitant ses liens cliquetants. Le magicien fait une sieste et je n'ai personne à qui parler. Or quand je suis enfermé comme un animal, j'ai la sale manie de décrire la pièce autour de moi. D'ailleurs en parlant d'animaux... Quel est cet endroit ?
- Bienvenue dans la Tanière, répondit en souriant la Chasseuse de kevins. Nous autres zoanthropes apprécions d'avoir un endroit où nous délasser et être nous-mêmes. Et où personne ne viendrait avec des torches, des fourches et des questions embarrassantes.
- "Zoanthropes" ? Comme les loups-garous, tout ça ?
- Et les ours-garous, opina Betty. Et les grenouilles-garous, les chauve-souris-garous... Ici on ne tue aucun animal ; il n'y a ni insecticide ni mort-aux-rats.
- Mais j'en vois un qui s'attaque au plus gros steak que j'ai jamais vu !
-...On vérifie très soigneusement la traçabilité."
"Dis-moi Betty, tu n'aurais pas envie de nous libérer ? S'il te plaît, bien sûr.
- Avec ça, peut-être ? fit l'ourse-garou en sortant un trousseau de clés de sa poche. J'adorerais, tu sais, mais en échange il faudra que tu fasses quelque chose pour nous...
- Vous voulez les meilleurs hot-dogs du continent ? Ou cette conversation va-t-elle tourner en mauvais film suédois ? Ah non... C'est à propos de cette prophétie, n'est-ce pas ? Je suis l'Elu, il parait. Mais si vous me gardez enfermé, c'est que je ne suis probablement pas le genre d'Elu à qui on offre gloire et pouvoir. Plutôt celui qui offre sa chair et son sang en nourriture et boisson pour son peuple. Celui qu'on dépèce pour acquérir ses prétendus pouvoirs mystiques. Je vais faire le lapin, hein ? Vous allez m'écorcher, me vider et me faire cuire en civet ? Espèces de... d'animaux ! Je me fiche de ce destin dont vous m'affublez ! Ecoutez le cri de la nature en vous, monstres ! Ne l'entendez-vous pas hurler pour la seule chose dont rêvent les bêtes du monde entier ? Non pas leur prochain repas, ni un abri pour dormir, mais plus simplement, pour leur LIBERTE ! N'est-ce pas ça que chante le hibou le soir au fond des bois ? Le loup qui court dans la forêt avec ses frères ? Le saumon qui remonte sa rivière ? Le seul bien qui donne de la valeur aux biens ! La liberté ! La liberté !"
Lennon avait crié ses dernières paroles. L'assistance le regardait avec des yeux ronds. Surtout les grenouilles.
" Eh bien... déclara Betty. Effectivement, tu vas "faire le lapin" en un sens, et ça pourra te sembler dégradant, voire déplaisant, et peut-être même douloureux, mais... Pour symboliser le cycle du Soleil et de la Lune enfin réconciliés et effacer l'antique malédiction blablabla, il est écrit que l'Elu devra s'unir pendant la Cérémonie avec la Prêtresse en bikini de fourrure... Charnellement. Et sous forme humaine."
John regarda fixement Betty pendant quelques secondes, pensif. Puis la Prêtresse, qui lui fit un sourire à gagner un Oscar. Puis Betty. Puis il ouvrit la bouche, puis décida de la refermer, puis il regarda la Prêtresse à nouveau et oublia de mettre en œuvre sa décision antérieure, de même que de retenir un mince filet de salive au coin de ses lèvres.
Il se décida enfin à partager ses réflexions.
" ...gah ?
- Oui.
- ...Vous êtes des nyctalopes, vous autres les machins-garou, hein ?
- Euh... Effectivement nous voyons dans le noir, pourquoi ?
- Je l'aurais parié."
Un silence. Un hochement de tête. Un hochement de tête. Une ouverture de cage. Un magicien finalement réveillé. Une explication. D'autres hochements de tête, encore de la bave, et une question du sorcier :
"Pourquoi nous avoir attaqués et enfermés alors ? Vous n'auriez pas pu simplement lui demander ? Et les tentatives d'assassinat ?"
La Chasseuse, décidément porte-parole de la Tanière, prit un air grave.
"Nous n'avons jamais voulu vous faire de mal, nous voulions vous protéger notamment en restant discrets ; les ours du parking étaient des Sauvages. Voyez-vous, tous les zoanthropes ne vivent pas leur condition comme une malédiction. Certains s'en servent à leur avantage, et ne voudraient en aucun cas "guérir". Pendant des siècles, les Lassie, Flipper... et maintenant Pierre Garand sont prêts à tout pour retarder l'avènement de la Prophétie. Ils ont déjà assassiné plusieurs Elus et Prêtresses pour se protéger, et maintenant, c'est toi, John, leur cible principale.
- Pierre Garand ? s'étonna le hotdoguier.
C'est leur chef actuel. Il est atteint d'une forme extrêmement rare de zoanthropie : il est artiste-garou."
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Je vous l'avais bien dit.
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A suivre : Chapitre VIII - Season Finale
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Pff maintenant je mets mes vidéos et photos marrantes sur Facebook, ça laisse moins de latitude pour blogger.
Et la prépa c'est bien, même en 2e année ! [nan je blague]
vendredi 7 août 2009
Et pendant ce temps en Sibérie...
Certains d'entre vous auront remarqué quelques vidéos Youtube nouvelles, ou bien le temps que j'ai passé sur TVTropes.
J'essaie de finir la Vérité. Mais maintenant je sais ce qu'il va se passer alors ça me fait moins frissonner. On retrouvera des ours et des jeux de mots étranges. Et en cheap guest star, Scarlett Johanssenn. Oui ça coute rien alors pourquoi se priver ?
Pour me faire humblement pardonner de cette absence, un homme qui fait un câlin à un tigre.
Regardez la 10 secondes. Et soyez heureux.
Oui cette image est tirée de l'article http://www.cracked.com/article_17061_p2.html de Cracked.com... Il s'explique assez bien lui-même.
Et on peut y voir un sauveteur donné un biberon donné à un koala dans une foret brulée.
Bonnes vacances !
jeudi 4 juin 2009
Chapitre VI b : la Terre 2132
Une Terre globalisée, normalisée, maîtrisée. La science y a fait des progrès gigantesques. On y avait découvert le Traitement, l'élixir d'immortalité ; désormais, plus personne ne meurt sans que l'Etat hégémonique n'ait donné son accord.
Le crime n'existe plus. Le vol n'existe plus. La propriété n'existe plus. Le rap n'existe plus. Les Anglais continuent à produire du rock aseptisé pour des iPods incorporant un petit trou noir, permettant de stocker tout un univers de la même musique.
Les naissances sont bien évidemment contrôlées, pour éviter que l'humanité ne dépasse une population de pi milliards d'individus.
Sur cette Terre, les livres d'étude du passé énoncent que le 6 mai 2011, l'Eveil mondial avait eu lieu. L'Eveil du Désordre. L'Eveil du mal.
Dans un magma informe de relations de causalité, les rues du monde entier s'étaient rebellées contre leurs gouvernants, le jour où les volcans avaient craché leurs plus terribles malédictions, tandis que les morts étaient revenus à la vie pour manger des cerveaux, que les portes de l'infra-monde avaient libéré elfes, fées et gobelins, que les dinosaures sortaient des musées pour récupérer soixante-cinq millions d'années de nourriture, que Zeus et Odin revinrent se battre pour une chope d'ambroisie, que les jeunes sortant d'écoles de commerce prestigieuses se retrouvaient au chômage... Le jour où la population mondiale a diminué de moitié. Le jour de l'Eveil.
Des mois de carnage qui suivirent, un nom était ressorti. Je ne peux le nommer ici, de peur que quelqu'un ne le tue aujourd'hui alors qu'il n'est encore qu'un enfant ou n'altère le cours du destin d'une façon ou d'une autre, je l'appellerai donc Monsieur K. Dans les livres d'étude du passé, on le nomme bien entendu par son vrai nom. Après tout, c'est le dirigeant du monde.
Monsieur K a surgi avec une armée. Ce qui était le lot de milliers de petits seigneurs de guerre et chef de clan, humains ou non, à l'époque.
Ce qui a rendu son cas exceptionnel, en vérité, ce fut sa victoire. Personne ne sait pourquoi ni comment exactement (était-ce ses bombes logiques ? Ses fusils à mathématiques ? Ses grenades cartésiennes ? Les boucliers de doute ? La loi Hadopi ?), mais il a bel et bien réussi à repousser les forces de chaos loin de la Terre.
Plus de désordre.
Plus de mensonge.
Et plus d'histoires, bien sûr.
En quelques années, l'humanité fut satisfaite, et le mal éradiqué. On avait compris le monde et ses lois. La planète était enfin uni sous un seul gouvernement sans frontière, et on commençait à essaimer les premières étoiles. Les fous, les dangereux, étaient mis à mort ; les quelques personnes qui ont protesté à ce moment n'ont pas été inquiétées ni torturées ni emprisonnées, on leur a juste refusé le Traitement. Il suffit de survivre à ses opposants...
Adoncques il advint qu'un jeune homme, un vagabond, un simple d'esprit, vivait encore dans la dernière montagne d'Asie centrale.
Ses parents étaient morts, abattus proprement et sans souffrance pour permettre à une famille d'Afrique d'avoir deux enfants. Le Gouvernement en avait décidé ainsi. L'enfant encore dans ses couches avait été recueilli par une ancienne tribu nomade, qui vivait maintenant dans la Ruche 304D de K-ville Est 43, secteur Phi, avec les descendants de leurs ennemis ancestraux, sans qu'aucune inimitié ne vienne troubler la vie de la Ruche. L'enfant grandit, perturbé. Sans rien en montrer. On en avait déduit qu'il devait être retardé, il serait dans les premiers sur la liste de roulement vital. Il était un peu fou, l'Etat mondial n'était pas encore parfait, l'Eveil n'avait pas totalement disparu... Il parvint à franchir la dernière porte de fées avant qu'elle ne referme définitivement ses mystères. Il était revenu sur les terrains de chasse ancestraux.
Seul, dans la montagne, il avait appris à survivre. Il connaissait l'esprit des cours d'eau, il cueillait des baies, chassait la rare faune survivante, fuyait les géomètres occasionnels. Il apercevait de petits lutins de temps en temps, au début. Puis ils disparurent. Le jeune homme vécut là plusieurs années, souvent malade, toujours souffrant. Asocial et dérangé. La montagne, anomalie dans le paysage, était progressivement détruite à coup d'explosifs. Les géomètres et sapeurs se faisaient plus nombreux. La destruction totale aurait lieu dans le mois, comme il l'entendit.
Le jeune ermite se recueillit en lui-même, dans les éboulis les plus récents.
Une idée germa dans son esprit embrouillé. Une croyance. Un espoir.
Il grimpa au sommet de sa montagne. Ascension dangereuse, pentes fragilisées, mont instable.
Il parvint au sommet de sa montagne. Il s'agenouilla.
Et il pria trois jours et trois nuits le Dieu de sa montagne de la protéger. Il y croyait.
Il ne répondit pas.
Alors il pria le Dieu des cours d'eau, de la forêt, des animaux. Il y croyait.
Il ne répondit pas.
Alors il pria le Dieu des petits lutins.. Les elfes. Le créateur ineffable des trolls et des géants disparus. Le Roi sous la montagne, la Reine des fées, le Marquis des fantômes, le Chef Guerrier des hobgobelins, Dracula... Il y croyait aussi. Et rien.
Il entendit au loin les explosions et les effondrements. La montagne allait s'abattre.
Il demanda alors l'aide des Dieux uniques du monde ancien, la Roue de la Réincarnation, les Ancêtres de ses Ancêtres, de Loki, de Thor, de Héra et des panthéons anciens et disparus. Il y crut. Silence céleste.
Il invoqua l'assistance du Prince des Mensonges, de Belzébuth, Azazel, des Puissances du Monde Souterrain, de l'Hadès, de l'Adversaire de toutes les religions. Personne.
Il sentit le sol tremblé sous ses genoux.
Désespéré, il invoqua tout ce en quoi l'humanité avait pu un jour avoir foi.
Il pria sa nation, sa famille, la CIA, le communisme, la science, la magie, le complot contre Kennedy, Barack Obama, François Mitterand, Charles Ingalls, Charles Manson, Paul MacCartney. Il implora la Dernière Boulangerie Ouverte dans le Coin, la Chaussette Retrouvée, les Clefs dans la Doublure de la Veste, la Réponse Donnée au Pif qui se Révèle Etre la Bonne, le Préservatif, il invoqua les noms cachés du Petit chaperon rouge, de Oui-Oui, de Hansel et Gretel, de Sangoku, de Papa Margouillat, de Tintin, de Batman, de Anansi l'Araignée.
A l'extérieur les milliards d'esprits de l'espèce humaine avaient perdu toute foi, tout mensonge, et tout espoir. Dans les veines du priant courait tout ce qu'ils avaient rejeté.
Et rien.
Alors que sa montagne s'effondrait enfin sous lui dans un tonnerre apocalyptique, l'ermite sans nom crut entendre un mot. Quelque chose comme "Fnord". Il avait dérangé l'ordre. Il allait mourir, mais il sut qu'il avait gagné.
***
A un demi-monde de là, Monsieur K., le sauveur du monde, se tenait comme toujours sur son trône électronique. Relié à des écrans implantés sous ses paupières, il visionnait, corrigeait, effaçait, approuvait télépathiquement des centaines de dossiers par seconde. Il n'avait pas dormi depuis l'Eveil. Le sommeil était désormais prohibé à tous par le Traitement.
Il était seul dans la Chambre du Trône, bien sûr. Comme toujours.
Monsieur K nota donc comme inhabituel l'arrivée de ce qui était visiblement un extraterrestre, grand, gris, gracile et nu, devant lui. Il semblait être apparu de nulle part.
"Vous êtes Monsieur K. ? Le dirigeant qui a amené l'harmonie presque totale à l'humanité, l'a débarrassée du mensonge et de la métaphore ?
- Je vois que ma réputation a fait le tour de la galaxie... C'est exact ! Oh !"
Monsieur K nota comme inhabituel le trou dans sa poitrine. Puis mourut.
"Bon cette fois-ci c'est la bonne." fit l'étranger à l'arme encore fumante dans la main. Qui se volatilisa.
***
Vers l'infini et l'au-delà ! Retournons vers John Lennon et Neil Pertelin parmi les ours, dans le
Chapitre VII - Le complot des plantigrades
jeudi 14 mai 2009
Résumé des épisodes précédents : Un hotdoguier, un magickien et une tueuse à gages rentrent dans un bar, et assistent à une réunion incitant à donner un prix Nobel à Daniella Lumbroso.
Le Maître des pyjamas mouvants pénétra dans le Grand Hall de l'Enfer, et ses mignons l'applaudirent.
Au premier rang, mes trois principaux centres d'attention depuis le chapitre précédent les imitèrent, leurs entrailles vibrant d'appréhension, d'excitation et des effets du hot-dog pré-expédition que John leur avait préparé quelques heures plus tôt.
"Qui veut aller affronter une secte inconnue mais homicide dans leur repaire mange un hot-dog" est un vieux proverbe dans sa profession, avait-il affirmé.
Lord K3vin se tenait désormais derrière un lutrin ouvragé, devant une massive table de pierre au milieu de l'estrade, face à sa légion de veaux humains. Son visage était dissimulé par un masque menaçant, de métal sombre comme la nuit, mécanique, invisible et mort. Oui, voilà, il se donnait l'air d'un ninja zombie robot.
Cependant, foin de large cape sombre ou d'uniforme militaire futuriste, le gourou de ces analphabètes ne portait qu'un pagne. Un pagne coloré. Avec des fleurs. En fait, un maillot de bain qu'on devinait disponible dans un magasin de sport ou en grande surface. Peut-être en signe de rejet des règles du vêtement, peut-être comme bravade face au danger, peut-être en hommage aux héros homériques, peut-être pour ne pas manquer de faire remarquer ses 150 kilos de muscles glabres et enduits d'huile.
A son poste, ce viril et farouchement hétérosexuel personnage demanda et obtint le silence de son assemblée, et prit la parole.
"Camarades ! Compagnons ! Amis !
Enfin ! Le moment tant attendu est arrivé. Nous avons combattu. Nous avons sué. Nous avons longuement, patiemment, minutieusement, mis en place chacun des éléments qui nous mènera dans un instant à notre victoire finale.
Je n'oublie pas ceux qui sont tombés pour que se réalise ce rêve. Qu'ils reposent parmi les beaux gosses. Qu'ils sachent, du haut de leur transat éternel, que leur sacrifice n'a pas été vain !
Mes chers camarades, grâce à vous, aujourd'hui est un grand jour !
Ce soir, c'est NOTRE soir ! Le Plan est ajusté, les étoiles sont alignées, les déséquilibrés font des sculptures de ruines cyclopéennes, et nous avons finalement trouvé une vierge née sous une pleine lune de la nuit de Walpurgis ! Gardes, faites entrer l'holocauste... et devenons des Dieux !
Nan, pas là... Oui plutôt là... Voilà allongez-la sur l'autel... Nan mais gardez-la bâillonnée on s'entend plus conspirer, avec ses hurlements... Ouais super. Super les gars. On peut les applaudir ! (clap clap clap)
Bon, alors, où est ce couteau sacrificiel ?..."
"C'EST FINI, MONSIEUR K3VIN !"
La Chasseuse annonça la fin des festivités alors qu'elle passait un couteau sous la gorge de Lord K3vin.
Celui-ci put alors constater que John, rompu aux techniques de combat secrètes de la caste des boulangers, avait neutralisé ses gardes du corps ; à ses côtés, Neil qui s'était auto-hypnotisé avec une banane semblait tenir la foule à distance par un sortilège quelconque. Peut-être l'odeur de la banane.
"On décroche ! On sort doucement par la porte de derrière !" annonça la mercenaire.
"Non !" Personne n'aime être pris en otage, encore moins un petit seigneur du mal. "A moi la garde ! Libérez moi vivant ! Ïa ! Ïa ! Sarkozy ftahgn ! Ph’nglui mglw’nafh Sarkozy A'lbanel wgah’nagl ftaghn ! Rl'yeh huuuumpff..."
Et les hotdoguiers ne se déplacent jamais sans un morceau de jambon de bâillonne.
Quelques couloirs souterrains plus tard...
"Je ne sens plus leur présence, on est à peu près seuls. La sortie doit être un peu plus loin dans cette direction.
- Merci magickien ; je suppose qu'on peut laisser parler l'otage, on a des choses à savoir. Mes amis vont bientôt arriver. K3vin, si tu cries, tu meurs. Si tu te débats, tu meurs. Si tu danses la tecktonik, je t'écrases les testicules puis je te tue. John ? Vas-y."
Sur l'invitation de la Chasseuse, Lennon détacha son jambon. Puis ôta le masque du prisonnier.
"Hum... Son visage ne m'est pas inconnu... Tu ne serais pas...
-Si si mon gars ! C'est moi le roi de la rue ! Le plus beau le plus fort ! Chuis trop intelligent pour l'éducation nationale ! Chuis trop insaisissable pour la police ! Chuis le beau gosse ultime, chuis Michel Règlement-de-comptes-sanglant-entre-familles !
- ..., firent en chœur Neil et Betty.
- Hum... L'univers semble se moquer méchamment de moi ces temps-ci, remarqua le hotdoguier. Tu as envoyé des assassins à ma poursuite. Tu m'as lancé un rocher géant et éphémère dans la figure. Tu m'as attaqué avec des foutus OURS ! POURQUOI !"
Michel Règlement-de-comptes-sanglant-entre-familles arrêta alors le plat de la main de Lennon avec sa joue, y laissant une empreinte rouge et vaguement mayonnaisée.
- Mais... c'est faux ! Me tapez pas ! Je... Je pleure pas d'abord ! ...pis c'est pas moi ! pis j'ai oublié ! Fnord ! C'est lui qui m'a dit ! Moi j'ai fait comme il a dit, c'est tout, ça devait me rapporter la gloire et les filles, et les copains arrêteraient de se moquer de moi, et après je ferais des conférences dans les universités, et même que...
Qui ? Qui t'as donné des ordres ? A qui tu obéis ? Réponds ! Réponds !
Fnord ! Il me dit des choses... Il dit qu'il est l'espace entre deux pixels, et le plus petit nombre plus grand que zéro, la raison pour laquelle les canards mangent les arbres..."
"Il est fou, John" diagnostiqua la Chasseuse. "Laisse tomber, mes amis sont là, on a ce qu'il nous faut.
- Pardon ? Mais pas du tout ! Quels amis ?
- Les renforts que j'avais demandés."
Effectivement, deux barbus en short se tenaient maintenant à leurs côtés ; le plus grand prit la parole.
"On est entrés par la sortie pour vous rejoindre. Vous pouvez nous appeler Jules et Jim, ça ira plus vite. Vous êtes bien John Lennon ? de l'entreprise "Saucisse dans le Ciel avec un Petit Pain ? Alors félicitations ! Vous êtes l'Elu !
- Ah ? De la Prophétie, je suppose ? avec un P majuscule, c'est bien ça ?
- Exactement ! Vous avez deviné, vous êtes bien l'Elu de la Prophétie. Vous seul pouvez libérer notre peuple !
- Bien sûr... C'est à dire que pour le moment je vous connais pas très bien, on pourrait peut-être tout d'abord... oh... C'est amusant, vous pouvez vous transformer en grizzly... Tu as vu, Betty ? ... oh, c'est marrant, toi aussi tu es un grizzly, maintenant !"
Puis Lennon s'évanouit, sous le coup de l'émotion et d'une patte sur l'arrière du crâne.
"Euh..." demanda le magickien. Qui rejoignit le boulanger dans le monde merveilleux de l'inconscience.
"Ahaha ! Vous ne pouvez pas me faire de mal, je suis juste invincible ! Le monde ne pourrait pas vivre sans moi !" furent les dernières paroles de Michel Règlement-de-comptes-sanglant-entre-familles. Sa tête roula sur le sol et son corps d'athlète s'affaissa.
"Groumpf !
-Groumpf. Grrooooa ? Grooo...
-Rouuuuaaa.
-Groumpf. Groumpf."
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Je suppose que je pourrais vous narrer dès à présent ce qu'il se passa après que les trois animaux ont emporté John Lennon et Neil l'Encore Plus Jeune, mais mon œil qui voit tout préfère s'envoler, prendre du recul, et partir vers d'autres temps et d'autres lieux. Voyez plutôt ce monde sombre et cruel, là. Ce monde ordonné. Arrêtons-nous y le temps d'un demi-chapitre, et laissons les ours sans surveillance pendant qu'ils amènent leur chargement humain dans leur tanière secrète.
Ce monde, on l'appelle :
Chapitre VI b : la Terre 2132
lundi 4 mai 2009
Rions un peu
Le matheux : 3 est premier, 5 est premier, 7 est premier, et par une récurrence immédiate, tous les nombres impairs sont premiers à partir de 3.
Le physicien : 3 est premier, 5 est premier, 7 est premier, 9 n'est pas premier, 11 est premier ; 9 est une erreur de mesure et on le retire. Juste pour être sûr, essayons plusieurs nombres choisis au hasard : 17 est premier, 23 est premier, donc c'est bon.
L'informaticien : 3 est premier, 5 est premier, 7 est premier, 7 est premier, 7 est premier, 7 est premier, 7 est premier, ...
Le chimiste : 3 est premier, 5 est premier, 7 est premier, 9 est premier, 11 est premier, 13 est premier, 15 est premier...
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Tout entier positif est intéressant
Preuve : Supposons le contraire. Alors il y a un plus petit élément parmi les entiers non-intéressants. Mais, cet entier est drôlement intéressant ! On en déduit donc une contradiction.
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Si un éléphant est énorme, un mammouth est n+1-orne.
Tiens d'ailleurs, qu'est-ce qui est gros, gris, et avec des coefficients entiers ?
Une équation éléphantienne.
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Plus curieusement, un trillion c'est 10^12 en Américain, 10^18 en France et en Allemagne..
(http://mathworld.wolfram.com/Trillion.html)
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Et enfin :
Combien y a t il de cases dans la diagonale d'un carré de n cases sur n cases ?
Réponse : n racine de deux...
(la plupart de ces blagues, plus d'autres moins originales ou moins facilement copié-copiable comme les 10 commandements du cancre, sont sur http://mapage.noos.fr/r.ferreol/humour/humour%20math.html)
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