dimanche 23 novembre 2008

La Vérité sur l'Assassinat de John Lennon - Chapitre IV : enfin


Où l'on se fait ourser

Résumé des épisodes précédents : Alors que John Lennon tient une boutique à hot-dogs, un jeune manant tente de le tuer, puis c'est un rocher qui lui tombe presque dessus, peint de la Chaostar ; John va alors voir Neil Pertelin l'Encore Plus Jeune, spécialiste en chaos, magie et cuisine italienne en livraison, qui lui prépare une divination aux petits oignons.


...Alors l'improbable chargea vers la réalité comme le XV de France face au Club Echecs du Lycée Hoche.

La casserole mystique se changea fugitivement en palmier en pot en souris en chat en anchois puis se parut se contenter de la forme karmique de la pizza royale. Pendant ce temps, les murs décidèrent qu'ils feraient mieux de ressembler à une plage des Caraïbes, à l'intérieur d'une centrale nucléaire ou au petit salon de Victor Hugo ; la moquette se fit une petite fête disco, spectacle son et lumières. On entendit des accords de ukulélé dans la rue, sauf que les fenêtres ne montrait plus la rue, bien sûr, mais un espace vectoriel. Et c'était vachement dur à montrer. John lui-même était devenu un homard géant avec un ticket gagnant du loto ; un pingouin passa en volant au dessus de sa tête pour disparaître, dévoré par un canapé monstrueux ressemblant à Mickey Mouse.

Seul Neil était intact au milieu de la tornade probabiliste qui sévissait dans son appartement.
Et, dans la transe induite par la présence des instances du barreau supérieur sur l'échelle de l'impossible, il s'était emparé du crayon tombé des pinces du hotdoguier, et griffonnait sur un bloc-notes cabalistique (peut-être).

Puis tout fut avalé par une ellipse narrative qui passait par là.


"Nan, en fait, d'habitude ça se passe pas exactement comme ça..."
Neil et John était de retour dans la réalité quotidienne, celle où il faut manger sept fruits et légumes par jour sous peine de mourir dans d'atroces souffrances et où on vous assurait qu'une nouvelle voiture vous rendrait proche de Richard Gere et de la spiritualité tibétaine. Le Magickien avait repris ses esprits, et avait dû reconnaître que ses sorts précédents avaient eu... disons très peu de résultats visibles.

"- Tu veux dire le monde qui part en...
- Exactement, d'habitude c'est moins spectaculaire, le coupa Neil.
- couille ? Ca m'a fait tout drôle d'être un homard . Et du coup j'ai rien noté de ce que t'avais pu dire."

John se sentait coupable, certes, mais était surtout troublé par l'envie tenace de manger des oursins ; il apprenait à ses dépends que la psychologie du homard s'incruste assez.

Le médium le rassura aussitôt :
"Tadaaa ! J'ai mon antisèche mystique", fit-il fièrement en lui tendant le bloc-notes.
Le néophyte examina l'artefact avec précaution.
"Le dessin Hello Kitty, ça renforce les capacités extranormales dont disposent les feuilles ? Le carton est tiré d'un bois noble et rare béni par un druide une nuit de pleine lune ?
-... Peut être pas vraiment mystique, disons ; mais regarde plutôt ce qu'il y a écrit.
- Oh, tu veux dire,
Le maître des crétins dans sa cave se terre
Entre les relents de vin et les ferments de bière
Pars avec le Chasseur vers les feux de l'Enfer
Tes ennemis vaincus iront pleurer leur mère
Lovers package at discount price!All rights reserved. ® 2001-2008 Pfizer Inc. ?
Mais, mais... c'est horrible !
- Euh... Pas vraiment, j'ai connu une fois un parchemin qui parlait de destruction d'univers et de pédophagie, alors une prophétie de castagne, c'est pas vraiment...
- Je m'en fous des "ennemis vaincus" ou des "feux de l'Enfer" ! C'est horrible parce que... argh... Enfer/terre, mais c'est une monstrueuse rime hermaphrodite, et c'est le genre de trucs qui m'exaspèrent. Ca, et voir la moquette danser Saturday Night Fever. Sinon, ça te dit quelque chose cette Chasseuse ?
- A part un concept qui aurait été lâchement tiré de Buffy ? Nan, ça me dit rien. Attends... Attends, il y a quelque chose de l'autre côté du carton."

John aurait juré que le verso était vierge quelques secondes plus tôt (enfin, juré s'il avait pu prononcé une phrase pareille sans rigoler bêtement), mais on pouvait désormais effectivement y lire :

Betty Printemps
Chasseuse de Kevin
18, rue de la Résistance
78150 Le Chesnay

"Betty Printemps la Chasseuse ? Nom d'un pieu, c'est vraiment une mascarade de calembours vaseux ! On passera chez elle avant de partir. Bon, c'est où l'Enfer ? Cherche sur GoogleMap dès maintenant, on m'aura pas deux fois."

Et effectivement :

Recherche Google Maps : enfer
Itinéraires / Mes Cartes
Résultats 1 - 1 sur 1 pour Enfer, Wy-dit-Joli-Village, France
Hameau au nord-ouest de Paris.
Rechercher à proximité ou enregistrer dans Mes Cartes ?


"En route Johnny !"

Neil Pertelin l'Encore Plus Jeune était assez chaotique pour faire certaines choses dans les règles. Par exemple, un authentique rebelle libertaire marginal ne se déplacerait qu'au guidon d'une puissante moto décorée de flammes et de têtes de mort, du genre qui met en doute son assurance virile auprès d'un psychologue. Eh bien, foin de l'anticonformisme, Neil avait effectivement une telle bécane. Et deux casques, dont un affublé d'un canard en plastique qui fait pouët, et qu'il tendit à Lennon.

Après une traversée motorisée de la région parisienne, pleine de dangers, d'aventures et de romance entre deux rétroviseurs, dont je tairai la sauvagerie par respect envers toi, lecteur, le sorcier et le boulanger s'arrêtèrent enfin pour se garer au Parking Notre-Dame, à deux pas de la résidence de la Chasseuse.

Ils étaient au deuxième sous-sol d'un parking très religieux, qui suivait à la lettre les Trois Commandements offerts aux souterrains par la Déesse du Stationnement lorsque Garajoïse était allé au sommet de la Sainte Rampe d'Accès pour accomplir l'Alliance :
- Tu ne t'éclaireras point.
- Tu n'auras point d'autre support que le béton, et ne seras point décoré par autre chose que le béton nu.
- Les cartes de crédit tu avaleras et l'appoint tu demanderas.

Le parc de stationnement en question était désolé de voir à quel point les jeunes parkings se détournaient de la parole de la Déesse, s'ornaient de peintures murales vaines et de néons efficaces païens, et vendaient leur âme au mercantilisme, à l'inflation, et à toutes ces mauvaises valeurs du Diable Veoliazebuth. En revanche, les animaux sauvages et irrités qui grognaient dans ses couloirs lui offraient un spectacle distrayant.

C'est donc dans la pénombre et sur un fond gris que nos deux héros aperçurent le premier ours s'approcher d'eux.
C'était un monstre des bois, représentant de ces espèces que des générations de chasseurs et de paysans ont traqué pour protéger leur village, leurs enfants et leur bétail, jusqu'à ce que des gens de bonne volonté aient eu la brillante idée de les protéger. Dans ce parking lugubre, l'animal brun qui se redressait sur ses pattes arrières touchait le plafond de ses deux oreilles. Neil se demanda vaguement si au nom de la biodiversité ils devaient se laisser manger, tandis que John en fit tomber son casque.
"Pouët !
-GRRAAAAOUU !!", fit le second ours derrière eux, ce qui veut dire en ours "Mon ukulélé et deux chatons dans un mixer" ou bien "A table !".

Les humains n'en menaient pas large. En se retournant, ils furent soulagés de voir que le nouveau venu était plus petit que leur premier assaillant. Celui-ci ne semblait peser que six cents kilos de muscles, de griffes et de poils, et une tache sombre dans la fourrure de son visage lui faisait des lunettes comiques. Plus comique que ses crocs acérés et son haleine forestière, en tout cas.

N'écoutant que son courage, Neil s'enfuit en hurlant. Le premier ours lui caressa le visage avec sa grosse patte, et le magicien s'effondra au sol, assommé.

La situation semble désespérée ! Notre héros va-t-il s'en sortir ? Quelle terrible malédiction pèse donc sur lui ? Ces ours font-ils partie de la Dharma Initiative ?

Tu le sauras, unique lecteur, dans le terrible :
Chapitre V : L'Assemblée du Désespoir
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Ca y est j'ai pris du retard sur mon "chapitre par semaine". J'ai eu du mal à le terminer, celui-ci.

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