mercredi 28 mai 2008

Rehab prépa



Je voudrais aller en prépa mais j'irais pas, pas, pas...

Aargh.


Linmark, qui a une nouvelle corde (de guitare).

Yee-ha !

Les 10 Conseils de Maître Tang

Sagesse du bout du monde et titres mensongers

Eh ! Que vois-je à l'horizon ? Est-ce l'herbe qui verdoie ? Le ciel qui bleuoie ? Le tableau de Jackson Pollock qui drippingoie ?... Mais non ! Ce sont les vacances qui plageoient (ou montagnoient, antarticoient, jungloient...) !

Heureusement, Maître Tang est là pour nous prodiguer ses conseils à la sagesse plurimillénaire !

A la plage
1. Ne cherchez pas à tout prix à entendre la mer alors qu'elle est juste à côté. Non, ce n'est pas un coquillage, c'est un crabe épineux aux pinces mortelles.

2. Tout ce qui a des ailerons n'est pas un dauphin. Le grand requin blanc a effectivement un appendice dorsal rappelant celui du dauphin, mais le seul autre point commun, c'est qu'il me fait flipper. Alors n'essayez pas de lui donner du thon, donnez lui plutôt un thon.

3. Vous êtes moins beau que vous ne le croyez, en maillot de bain (men only). La fille qui passe devant vous en riant ne s'amuse peut-être pas que de vos blagues subtiles. L'homme gros et baraqué à côté qui semble énervé est peut-être plus que son frère.

A la montagne
4. Evitez les omelettes exotiques.
Prendre l'œuf géant dans ce nid de haute altitude, alors que vous êtes agrippé avec un doigt à une falaise, n'est pas une bonne idée. Souriez à la maman oiseau derrière vous.

A la jungle
5. Votre guide en sait plus que vous.
Alors ne le croyez pas quand il vous dit que c'est juste un bain aromatisé préparé par une tribu amicale pour les invités d'honneur, et qu'ils lui offrent tout cet or uniquement parce qu'ils l'aiment bien, même si lui ne peut pas partager votre bain chaud pour des questions de bienséance.

Au désert
6. Non, c'est un mirage.
Une oasis ? Et puis quoi encore ? Y'a que ta mère pour croire que c'est de l'eau !

A la Roumanie
7. Les gens sont accueillants.
Mais le monsieur tout pâle aux dents longues n'est peut-être pas si innocent que ça lorsqu'il vous invite à passer la nuit dans son château là-haut sur la colline. Pensez à apporter votre bouquet de têtes d'ail.

A l'Ile de Pâques
8. Ne prenez pas votre fusil.
Surtout si vous comptez abattre les lapins. Pensez un peu aux enfants du monde entier, saperlipopette ! Et ne croyez pas ce que vous disent les vendeurs d'électricité : les Moai sont morts à cause des maladies apportées par les européens. Un banal génocide, quoi. Mais l'énergie est quand même notre avenir, alors économisons-la.

A l'espace
9. Ce n'est pas l'étoile noire, c'est la lune.
Ce n'est pas parce qu'on ne vous entend pas crier que vous devez dire des conneries.

Chez vous
10. Sortez.
Fuyez ! Courez vers les collines ! Courez pour vos vies ! Allez acheter le DVD live de Iron Maiden ! Si vous restez à travailler ou réviser l'été de vos 16/17/18 ans, vous le regretterez amèrement quand vos petits enfants vous demanderont de leur raconter des histoires de votre jeunesse de jeune lycéen Allemand/Latin/Grec !

Suicide Song / Chanson de la prépa



C'est reparti pour des posts !

vendredi 16 mai 2008

Zzzz.... Zzzz...

Johnson Roberto entendit une balle siffler près de son oreille.
"Il est temps de partir", se dit-il. Les frères Carson l'avaient retrouvé.

Johnson courut se protéger derrière une caisse de l'entrepôt. Il en profita pour faire un bilan de sa situation : il avait ce qu'il était venu chercher, il était à deux pas de son avion personnel, mais à part ça, le ciel de son avenir se parait de nuages menaçants. Le gang Carson au complet semblait lui avoir donné la chasse ; ils devaient bien être quinze dans ce hangar, armés jusqu'au dents, sonnant le hallali.

D'un tir bien ajusté, Johnson en abattit un, puis deux tirs rapprochés en atteignirent un autre à la mâchoire. Treize. Des balles se fichèrent dans une caisse juste au-dessus de sa tête, et il en vit une percer le réservoir de l'avion. Le kérosène se vidait sur le sol ; il allait devoir trouver une autre façon de repartir.

"Roberto ! C'est Joe Carson ! On est trop nombreux pour toi, rends-nous la malette et on te laissera peut-être en vie !
-...merci, mais non!"
Les voix et les détonations résonnaient dans le vaste entrepôt. Johnson, accroupi, se retourna et abattit trois hommes qui tentaient de l'encercler. L'un d'entre eux, que Johnson reconnut comme étant Earl Carson, lui tira dans la jambe avant de s'effondrer, un trou sanguinolent à la place de l'oeil droit. Johnson serra les dents. Dix.

"On va t'avoir, Roberto !" "Tu vas crever !" "Il a eu Earl ! Il a eu Earl !"
Johnson savait qu'il n'avait pas une chance de survivre. C'était certes un excellent tireur, mais une fusillade à un contre dix... non, neuf, ne laissaient en vie que les héros de cinéma. La douleur lui fit rater un tir ; une balle de Joe Carson effleura son cuir chevelu. Une autre finit sa course dans son épaule gauche.
Cette fois-ci, Roberto lâcha un cri. Ses ennemis se rapprochaient, tandis qu'il rechargeait de son bras valide. Il se redressa pour faire feu. Six coups, trois victimes. Craignant d'être pris en tenaille, il changea péniblement d'emplacement, laissant sur son passage des traces de sang et de poudre. Il tira dans la direction des assaillants, au jugé. Il en profita pour laisser une balle dans la poitrine d'un adversaire, en échange d'une autre dans le ventre.

Allongé, blessé probablement à mort, sans allié face aux cinq fauves Carson, il se résigna à effectuer le plan d'urgence. Ses entrailles se répandaient sur le sol quand il ôta les doigts de sa plaie abdominale. Tout en tirant en l'air, la main chauffée à blanc, pour éloigner quelques instants ses assaillants, il ouvrit la malette. Il en sortit plusieurs feuillets ensanglantés. Plusieurs personnes étaient mortes pour les obtenir, et lui même allait y laisser la vie pour les reprendre des mains du terrorisme international. Lentement, clairement et distinctement en dépit de la douleur qui pulsait dans son organisme mourant, il lut :
"Petit b, la cause des affections... argh... Le corps transmet à l'âme des images que sa sensibilité traduit en affections [un ennemi s'effondra, la bave aux lèvres]. Ame et affections sont... humpf... complémentaires... [Un autre s'enfuit en hurlant, tenant sa tête dans ses mains] La sagesse ne consiste pas à ne pas avoir de passion... [Deux d'entre eux s'entretuèrent dans leur panique] L'ataraxie est compatible avec l'exercice de la passion mais pas avec les troubles du débordement passionel..."

Dans un ultime hurlement, Joe Carson fut renversé en arrière. Le plus vieux et perfide des parrains du crime international rendit l'esprit.

A son tour, déchirant l'Arme, Johnson Roberto mourut, apaisé.

****

C'est sympa les cours de philo, sinon. Oui, je force peut-être un peu sur les virgules, parfois. Autant pour moi.

Sagesse du bout du monde, et nullésie

Maître Tang a dit : "Le truc, c'est de continuer à respirer."

Et "De toutes façons, ça n'a pas d'importance"

Ou encore "Arrête-toi un instant. Ecoute. Tu n'entends rien ? C'est le doux murmure des gens qui ne rient pas à ta blague."

***

Je suis attaché dans ma cave
Echoué comme une vieille épave
Je me souviens du jour où...

J'ai les pieds et les poings liés
Personne ne m'entend hurler
Je me souviens du jour où...

Je l'entends rentrer enfin
Je me débats mais c'est en vain
Je me souviens du jour où...

Avec toutes ses tentacules
Il me torture dans ma cellule
Je me souviens du jour où
Mon Bulbizarre est devenu fou.

***
Sinon, la philo, ça me fait pas perdre quatre heures de ma vie par semaine...

jeudi 15 mai 2008

Scène de la vie quotidienne

Un peu de bloggisme... Les noms ont été changés parce que c'est marrant.

1 - Hey salut les filles, on peut manger avec vous ?... Hey Machine t'es pas avec Gertrude ? Sympa la copine !
2 - Ouais mais avec ses béquilles, là, elle arrête pas de se plaindre, elle va à deux à l'heure et on doit tout lui porter !
1 -...
2 - En plus elle fait tout un cinéma, tout le temps, pour pas grand-chose ! Moi quand j'avais mon poignet cassé je disais rien ! T'as vu tout à l'heure en anglais, comme elle est rentrée ? "Aaaaargh"...
1 - Aha ! Sympa ! En plus tu lui diras jamais en face...
2 - Quoi ? Quoi ? Mais bien sûr que si, je lui dirai en face ! Quand tu veux !
[...]
1 - Hey salut Gertrude !
3 - Hey salut ! Aaah désolé, tu peux me tenir ça ? bordel...
1 - Arrête de te plaindre !
3 - Hey ! J'ai le droit de me plaindre !
1 - Nan parce qu'après Machine elle trouve que tu fais tout un cinéma et que tu te plains tout le temps pour pas grand chose !
3 - Hein ?? C'est vrai, Machine ??
2 - Euh... j'ai pas dit ça comme ça...

Moralité : les filles sont franches entre elles, c'est cool
Moralité 2 : C'est pas la peine de fanfaronner, faut admettre que t'as pas de courage, parfois.
Moralité 3 : ça y est je suis en retard à l'impro, bordel.

lundi 12 mai 2008

Teaser

Ici, prochainement, un post.

Je vais me pieuter, à vous les studios.

dimanche 11 mai 2008

La vie est belle ! avec des morceaux de Picardie dedans

J'aime le mois de mai ! Les pâquerettes fleurissent, les jupes raccourcissent, l'air s'emplit de soleil et de senteur d'épices, je vais jouer mon premier match d'impro le 23 à Elancourt avec le Théatr'à Hélices...



[et ça rime, en prime]

[oh, c'est trop fort, ça rime encore !]



Et j'ai le CD live Public des Fataux ! Yeee ah !!

"Est-ce que vous connaissez un joueur de percu qui joue bien ?
-Naaaan !
-Et pourquoi est-ce qu'ils jouent mal ? Mais parce qu'ils se droguent ! (et toi, là, t'as pas l'air de jouer bien)"

[Chanson de haine contre les joueurs de djembé]


[Paroles de Castatroce des Fatals Picards, tiré de l'album Public, mouhahaha]

"Déjà depuis tout petit mon père m'a dit
Je suis intouchable prends toi dans mes bras
En voulant l'éviter, je me suis rattrapé
A la queue d'une vache sacrée
Qui a foncé tout droit dans un temple de Bouddah
Qui s'est lui-même écroulé et a fait basculer
Le Bouddah sur une maternité d'orphelins
Qui n'ont pas pu s'échapper, et du coup
Prisonniers des flammes, ils ont dû se manger entre eux
Mais comme certains s'étaient réincarnés
Ils ont dû se manger plusieurs fois, ils ont dû se manger plusieurs fois...

C'est une castastrophe, cette catastrophe,
C'est une castrastrophe cette castastroce
C'est une castatroce cette caste atroce...

Ton histoire m'a touché, toi qui es intouchable
Alors donne-moi ta main man, donne moi ton bras man [ahaha]
Nous ne sommes pas pareils, mais nous sommes différents
Regarde le haut de cette maison il me parle de toi [ahaha]

Nous ne sommes pas de la même race, alors rase-toi
Nous ne sommes pas du même sang, alors sens-toi
Nous ne sommes pas de la même caste, alors (oh non !)... reste avec moi !

C'est une castrastrophe etc. Allez à vous public ! Castratroste... ah vous êtes nul !
C'est une catastrophe pour les enfants de l'humanité qui ont choisi de vivre leur liberté enfin en Picardiiiiie ! [la fin change selon les concerts]"


Avec la chanson la plus à gauche du millénaire, qui a détrôné "Je te donne" de Jean-Jacques Goldman, "Les bourgeois".

*********

Linmark, qui rigole tout seul à la Fnac.

mercredi 7 mai 2008

One day, part IV, dernière !

IV- Où l'on entre discrètement.

Alerté par ses sens améliorés, son empathie avec sa ville et des traces de laine arrachée, le Violonier se retrouva après quelques minutes d'investigation face à un gouffre béant inquiétant et sentant le pull-over. Les bords de l'ouverture étaient manifestement rongés par des dents larges et trop rondes pour être naturellement vouées à ce genre d'excavation, mais animées par une volonté inébranlable. Combien de moutons avaient déployé ici leur pugnacité ? Le musicien redoutait de le savoir avant longtemps. Il s'engagea néanmoins dans la noirceur du tunnel, son étui dans une main, son archet dans l'autre, et un rat nyctalope sur l'épaule.
Après quelques pas dans l'obscurité (était-ce cent mètres ? dix kilomètres ? avait-il atteint la Chine ?), le Violonier aperçut une lueur. Après quelques pas de plus, il vit la silhouette reconnaissable d'une sentinelle, un garde plus laineux que la plupart qu'il avait évités dans ses années de métier antérieures. Il sortit son instrument silencieusement, en cassa une corde puis, s'approchant de sa proie parmi les ombres, étrangla l'animal d'une main professionnelle. Il préférait la méthode plus esthétique de jouer un air si triste que la victime se suicidait de mélancolie, mais il ignorait si les moutons partageaient les faiblesses psychologiques de l'être humain pour l'art.
Quelques moutons et quelques portes plus tard, notre héros se retrouva au sommet d'une chaîne de montage un peu particulière. Son rat s'était réfugié dans sa veste, et il gardait ses doigts à porté des boutons secrets de son étui. Loin au-dessous de lui, un tapis roulant amenait chaque mouton à portée de machines complexes qui semblaient leur greffer de terribles armes chimico-mécaniques, le genre que fabriqueraient un savant fou expéditif. D'ailleurs, Psykaw discutait avec un mouton doté de bras mécaniques qui s'activait sur un boîtier de commandes du tapis roulant. Le Violonier n'entendait que les quelques éclats de voix qui lui parvenaient :
"...veux MAINTENANT ! ...plan... UNE SEMAINE !... diabolique... panique... armée... ...quérir LE MOONDE ! AHAHAHAHA !"

"Monsieur ? Veuillez me suivre, sans résistance, s'il vous plaît."
Le musicien sursauta. Il n'avait pas entendu l'arrivée des sabots. Un mouton, noir et plus grand que ses congénères, pointait sur lui une arme étrange adaptée à sa patte antérieur et qui ne laissait aucune ambiguïté quant à sa fonction première : éliminer les intrus.
Le Violonier était beau joueur, et savait s'avouer vaincu. Il le suivit donc, d'autant que ça paraissait une bonne occasion de visiter la base, plus vaste que ce que le musicien avait prévu. L'ovin les mena dans une série de couloirs, puis emprunta une porte semblable à toutes les autres. A l'intérieur, des murs nus, pas de fenêtre puisqu'ils étaient sous terre, un sobre bureau et une pile de papiers. L'humain reconnut un plan de la réserve d'eau de la ville, puis le mouton lui banda les yeux et le menotta, le tenant toujours en joue. Il entendit l'ovin tirer sa chaise et s'y asseoir en un froissement de laine.

"Je suis le Lieutenant Sheeponzalez Mérino, déclara le mouton, et je serai votre bourreau. Voyez-vous, monsieur le Violonier, nous autres moutons menons une vie dure, et ne voulons pas d'ennui particulier avec les humains de votre espèce... le genre à protester contre notre libération. C'est pourquoi je vais devoir vous tuer. Vous comprenez, maintenant que le Libérateur nous a offert la conscience, je ne peux plus supporter de savoir que mes enfants et tous ceux de notre espèce seront voués à être tondus, abattus et mangés...
- Hum, ne peut-on en discuter plus calmement ? Je ne suis pas responsable du système...
- Si ! C'est vous qui avez inventés les corporations qui nous vouent à ce sort funeste ! Et si ce n'est toi, c'est donc ton frère, ou quelqu'un des tiens. C'est donc à l'humanité de subir nos millénaires d'esclavage ! Votre espèce ne s'en tirera pas comme ça !
- Vous savez, les corporations n'hésitent pas à se servir de ses employés pour les tondre, les abattre et les digérer, alors... vous croyez vraiment qu'ils vont finir par vous prendre au sérieux ?
- Vous êtes intelligent, pour un musicien, mais une fois que nous aurons attaqué leurs intérêts financiers ici à New Montpellier, ils nous écouteront. Une fois que nous aurons détruit tous leurs actifs dans cette ville...
- Cette ville leur appartient totalement, Mérino. Il n'est pas un vendeur à la sauvette qui ne paie un tribut à une corpo. Vous n'arriverez jamais à détruire tous leurs intérêts.
- Toute cette ville, hein ? Vous nous mettez au défi de détruire toute cette ville ? Alors que nous venons de nous emparer des explosifs de la réserve militaire ? Vous plaisantez, j'espère."
Alors, le Violonier vit la destruction de New Montpellier défiler dans sa tête. Les tours s'effondrant... Les rares innocents et âmes charitables brûlant dans leur sommeil... Non, si quelqu'un devait détruire ce tas de fumier qu'on appelait New Montpellier, ce serait lui !
Brusquement, alors qu'il se savait dans la ligne de mire du lieutenant, il tapa du bout du pied dans son étui qui s'ouvrit et, les yeux bandés, les poignets attachés, s'empara du violon à l'intérieur. Dans un même mouvement fluide, alors qu'il entendait la détonation de son adversaire, il plongea sur le côté et appuya sur la gâchette secrète de son instrument. La balle qui en jaillit alors était d'un calibre interdit par les conventions internationales, et la puissance du recul fit taper la tête du Violonier contre la porte, à plusieurs mètres de là.
Le musicien entra dans un trou noir de plusieurs mesures. Une sirène retentit.

"Hey les gars ! On en a trouvé un ici qui semble pas... hey !"
Le Violonier ouvrit les yeux, attrapa le bras devant lui et donna un coup de poing dans le nez du... policier. Que faisait les flics ici, par l'enfer ? Deux autres apparurent dans l'embrasure de la porte. Ils finirent rapidement à terre. Bon. Il était temps pour le musicien de faire un inventaire. Tous ses membres étaient en état de marche, le mouton semblait l'avoir manqué... Ah. Non. Sous sa veste, au niveau de son cœur, le rat génétiquement modifié avait été réduit en bouillie par le rayon mortel de Mérino. Pauvre héros inconnu. Le Violonier mit son étui sur son dos, et avança dans le couloir, l'arme à la main.

Le grand hall de la chaîne de montage était en proie au chaos. Les flics avaient débarqué après avoir carrément fait sauter le toit, et certains renforts armés descendaient encore en rappel lorsque le musicien était revenu dans la pièce. Les balles sifflaient, courtes rafales entre forces de l'ordre et moutons luttant pour leur survie. Les bêtes se faisaient diviser, submerger. Quelques îlots de résistance causaient encore des victimes aux humains dans certains coins de la pièce, derrière des sacs de sable, mais leur situation était désespérée. C'était la fin du plan diabolique de Psykaw, pensa le Violonier. D'ailleurs... En repensant au docteur fou, il vit un tunnel s'enfoncer dans l'obscurité, derrière une vieille armoire métallique. Un très large tunnel. Psykaw n'était nulle part en vue. Il avait dû s'enfuir par là. D'un bond gracieux, le musicien atterrit à l'étage inférieur, face à l'entrée du tunnel, et s'y engouffra.

Quelques minutes plus tard, John Peacemaker tint le même raisonnement, et pénétra dans l'obscurité à sa suite.

V - Où l'on boum, on paf, on bang, on se bat en duel et on épilogue.

"Chef... Chef... Vous êtes sûr qu'on devrait aller par là ?
- Faites-moi confiance, caporal Heeker, vous serez le premier à botter les fesses de ce cinglé de psychopathe !
- Euh... d'accord chef mais ça commence à être sombre par ici...
- Vous avez peur de quoi, caporal ? Qu'un mouton géant attende dans le noir pour nous tendre un piège et vous dévorer tout cru ? Ahahaha !
- Ahahaha, chef ! Non, mais c'est juste que je... AAAAAAAAARGH !!!- Caporal ?... Sainte merde ! A l'assaut les gars !"

Le Violonier, lui, suivait les traces de pas humains sur un autre couloir du dédale de grottes.
Des pas... Puis une rivière. Puis une lueur. Puis une gigantesque salle souterraine.
Dans son dernier repaire, Psykaw n'avait pas perdu tout espoir. Certes, ses plans de conquête militaire semblaient compromis, et ses meilleurs éléments avaient disparu, sans doute assassinés par les oppresseurs fascistes, mais l'essentiel de son projet n'avait pas bougé. Il pouvait encore faire sauter la ville. Au milieu de ses dernières troupes, il eut une pensée pour tous les moutons tués pour la race humaine, pour tous ses amis d'infortune laineux, son lieutenant Sheeponzalez, Gros William qui lui avait servi de monture, et tous les gigots d'agneaux du monde. Il referma les mains sur la poignée du détonateur, prit une grande inspiration et

BANG !

"Fini de jouer, le cinglé ! Mets les mains sur la tête, tu es en état d'arrestation, et j'ai désormais le droit de t'abattre si tu te mets à jouer au petit malin !"
Peacemaker avait fait son apparition à son tour dans la caverne, et son tir avait désactivé le système de mise à feu ainsi. Seul, du sang de ses coéquipiers et de Gros William encore sur ses vêtements, il tenait le professeur et sa petite troupe de moutons de combat survivants en joue. Son pouce se contracta et

PAF !

Le Violonier rattrapa ensuite le corps de Peacemaker qui s'affaissait. Ce coup devait l'avoir mis hors de combat pour longtemps.

"Hum, expliqua le musicien au gardien de l'ordre inconscient. Laissons les flics en dehors de tout ça, les pauvres. Alors, Psykaw ? cria-t-il. Tu te rends ou tu comptes encore menacer ma ville ? Me mets pas de mauvaise humeur, après je deviens ronchon !
- Aha ! Tu te crois capable de me défier seul, le vagabond ? Mais regarde un peu, mes moutons en ont assez de leur vie d'esclave, loin de leurs herbages ! Ne méritent-ils pas leur liberté eux aussi ? Et ne mérites-tu alors pas de mourir, toi qui t'opposes à une si noble cause ?
- Mais tes moutons seront-ils plus rapides que mes balles ?"

Alors Psykaw porta la main au prototype qu'il avait pu volé au dépôt. Son nouveau laser. Il s'était entraîné au tir dans sa jeunesse, avec son père. Il était très bon, à l'époque. La crosse de l'arme lui rappela alors son enfance dans les champs. S'il était resté à la ferme...

Ses doigts se refermèrent sur l'arme.

Le Violonier, la main sur l'archet, l'autre sur le manche de son instrument, dévisagea le Strayton. Celui-ci soutint son regard sans ciller. Les deux hommes, portés par leurs destinées de chaos, se rencontraient pour la dernière fois. Le fracas de leurs flingues atypiques seraient les dernières notes qui résonneraient aux oreilles du plus lent.
L'un d'eux allait mourir, ils le savaient, et n'aurait pour tombeau que le trou même dans lequel avait lieu leur face-à-face ; la poussière de la caverne allait se teinter du sang d'un de ces deux marginaux.
On entendit la voix de l'ordre, à terre, pousser une faible plainte. Les moutons retenaient leur souffle.

Le Violonier ouvrit la bouche pour prononcer une ultime sentence. Psykaw dégaina. Les armes aboyèrent, deux coups rapprochés.

Peacemaker, à terre, vit les deux hommes reculer. L'un deux porta la main à sa poitrine et, dans une prière muette à des dieux sourds, s'effondra dans la poussière. Un autre mort valeureux au compte de New Montpellier.


Depuis la vie a repris dans la ville toxique. Les moutons, sous la pression des quelques mutants survivants et des notes retrouvées dans le laboratoire de Psykaw, sont devenus des citoyens partageant les droits civiques des humains (c'est-à-dire pas grand-chose) avec leurs propres restaurants et magasins d'alimentation. Les Abattoirs ont été reconvertis, mais certaines gargottes des quartiers les plus mal famés affichent encore du tajine au menu. John Peacemaker a été affecté à la protection rapprochée du Président, et recevra bientôt la médaille du mérite. Il a encore une bosse au sommet de son crâne, qu'il cache avec ses cheveux. Ce matin, il s'est aperçu qu'il devient chauve peu à peu. Dans la version de son histoire, il était seul dans la grotte et Strayton s'était envolé. Il raconte cependant avoir combattu à mains nues une armée d'ovins enragés.
Dans un petit carnet rouge, rangé dans le double fond d'un tiroir de son bureau personnel, il écrit ses mémoires. La page de ce jour est constellée de petites gouttes d'eau salée.
Nul n'a jamais revu le docteur maudit et le virtuose assassin.

Mais... en écoutant bien, au-delà des bruits des machines et des cris habituels, on entend encore parfois la nuit de New Montpellier résonner de la complainte d'un musicien pour un adversaire des temps anciens.

lundi 5 mai 2008

peut on danser la tektonik partout

...pas en cours de maths.

C'est joli le premier rang.

samedi 3 mai 2008

One day part III


III- Où l'on aime les subventions.


La veille, le poste de police de New Montpellier avait reçu une visite peu ordinaire.
Alors que le lieutenant Sucette allait engloutir tranquillement son troisième beignet, une botte réglementaire ouvrit la porte principale d'un coup bien placé.
"Flics, garde à vous ! dit le propriétaire de la botte. Le gouvernement fédéral vous apporte les renforts que vous demandez depuis toujours ! Votez conservateur ! Je suis John Peacemaker, délégué préfectoral du comté, et je fais partie de la commission du bottage de fesses !"
Effectivement, John avait l'air d'un vrai botteur de fesses, les flingues en bandoulière, la veste de cuir, le chapeau à large bord plat, et les bottes réglementaires. Voyant sa demande d'aide fédérale enfin réalisée, Sucette sourit.
"Alors au boulot, M. Peacemaker. Des individus dans cette ville a besoin d'un bon bottage de fesses !"


Au même moment, Strayton Psykaw s'était injecté sa potion magique, son dopant miraculeux, son stéroïde soignant. Sa cicatrice de naissance sur le bras gauche s'était résorbée, et à sa grande satisfaction, il dut même enlever ses lunettes, désormais gênantes.
"Aha ! Ca marche ! Ca marche ! Je vais devenir célèbre ! A moi le Prix Nobel !!"
Sa calvitie naissante fut bientôt remplacée par une toison abondante. Très abondante. Il voyait avec horreur les poils pousser sur ses bras, son torse, son visage. Il sentait une épaisse fourrure brune apparaître dans son dos. Puis sa langue s'épaissit, ses dents s'allongèrent, il sentit la bave envahir sa cavité buccale : lorsqu'il voulut hurler, il n'entendit qu'un grognement bestial sortir de ses babines. Autour de lui, les moutons subissaient eux aussi d'horribles transformations, gagnant en taille, en poids, en férocité. Psykaw sentit la bête en lui grogner, et hurler sa faim. Il voulait se battre. Il voulait du pouvoir. Il voulait du sang. D'un coup de tête, il ouvrit une brèche dans un mur, et avec son armée ovine, creusa son chemin vers la nuit.


Le lendemain matin, Strayton se réveilla, quelques plumes ensanglantées dans la bouche, au milieu d'un cercle de cadavres de moineaux, pigeons, rats, et un ou deux renards. Il n'avait aucun souvenir du carnage qu'il avait commis. Il eut peur. Et ses craintes se réalisèrent quand il se retourna. Une fillette démembrée gisait derrière lui, sa gorge tranchée souriant au nouveau monstre de New Monpellier. La bête avait encore faim.
Plus tard, alors que John Peacemaker était allé rétablir la loi et l'ordre dans les secteurs les plus mal famés de la ville, le lieutenant Sucette reçut une deuxième visite inattendue. Décidément, c'était pas la journée du beignet...
Un monstre hideux aux crocs ensanglantés avait fait irruption devant son bureau.
Il tendait les bras devant lui. Sucette, à l'esprit vif lorsqu'il ne l'anesthésie pas avec du sucre, comprit ce qu'il voulait qu'il lui fasse. Il n'aimait pas être manipulé, mais il aimait encore moins désobéir à un géant velu venant se soumettre. Le policier sortit ses menottes.
"Vous avez le droit de garder le silence. Dans le cas contraire tout ce que vous direz pourra être utilisé contre vous devant un tribunal. Vous avez le droit de consulter un avocat et d’avoir un avocat présent lors de l’interrogatoire..."


Lorsque Peacemaker revint, le bras taché de poussière, de sang et d'huile, les principaux produits échangés entre les forces des l'ordre et les caïds de New Montpellier, Sucette reprenait timidement des bras du monstre une feuille de carton et un crayon épais.
"Tenez, John, ce suspect tente de communiquer avec nous, et je ne pense pas qu'il puisse bénéficier d'un traducteur. D'autant qu'il écrit en anglais...
-Montrez-moi ça, lieutenant"
Strayton avait tenté d'écrire ses déboires, mais parfois il s'était résolu à les dessiner, avant que la bête ne l'empêche de se rendre sans combattre. La feuille était ainsi un patchwork de ratures, de demandes d'aides, de dessin de massacre et de cris déchirants (qui avaient littéralement déchiré le papier).
"Hum, je pense qu'il a besoin de l'unité d'aide psychologique de niveau 3, lui.
- La quoi, chef ?
- Le bottage de fesses, lieutenant ! La seule aide psychologique admise par le gouvernement face aux monstres velus ! Pourquoi croyez-vous que les citoyens paient, si ce n'est une bonne correction de temps en temps ? Allez, Sucette, on va faire comme dans ma jeunesse au Moyen-Orient, passez-moi les électrodes dans mon sac, je vous jure qu'il va parler Chewbacca !"
Sucette allait contester le caractère anticonstitutionnel de la méthode, mais depuis les amendements Clinton 2012 59.666, la torture était un moyen légal de faire parler les simples suspects, pourvu qu'ils aient un aspect étrange et qu'ils ne soient pas comme nous. Or le suspect en question était objectivement étrange. Sucette tremblait lorsqu'il dut appliquer les électrodes sur le monstre enchaîné et menotté. Il lui semblait qu'il lui suffirait d'éternuer pour inviter le chaos dans son poste de police. Il ressortit prudemment de la cellule, soulagé d'être encore vivant. Puis il vit la lueur de la folie dans les yeux de Peacemaker alors qu'il allait presser le bouton de la douleur. Sucette ne put s'empêcher d'éternuer.


La bête hurla, et Sucette devint sourd pour trois jours. Son haleine fétide lui fit perdre connaissance. Peacemaker hurla également, mais son .45 hurla encore plus fort, trois fois. Psykaw se protégea avec son bras, et grogna lorsque les balles lui perforèrent le biceps. Il frappa contre la cloison la plus proche et passa à travers le mur. John, l'arme au poing, tenta de le suivre, mais il avait disparu...
Une heure plus tard, dans une grotte humide, sous les vivats ovins d'une armée de fanatiques :
"Vous êtes enfin revenu, chef ? Vous nous avez manqué. Je les ai rassemblés ici pour vous attendre. Votre plan tient toujours la route ?
- Mon plan ? Quel plan... Ah, ce plan-là ? Hum... Oui. Oui, je pense qu'ils l'ont mérité. Allons-y, lieutenant !"


C'est ainsi que Psykaw, monstre de haine et de sauvagerie ayant retrouvé une partie de son intelligence redoutable, partit en compagnie du fidèle lieutenant Sheeponzalez Mérino et de quelques troupes de choc en direction des dépôts d'armes et d'explosifs de New Montpellier.
Sur un toit non loin, le Violonier était alors réveillé par un rat, et les explosions inévitables dans ce genre d'opération le décidèrent à agir.