Les Fatals Picards : Le Sens de la Gravité
Sorti lundi 2 mars
Oyez ! Oyez, badauds ! Les Fatals Picards ont lancé à la face du monde leur dernière galette en date !
Ce groupe de joyeux... Parisiens (oui le dernier Picard du groupe est parti l'année dernière vers d'autres horizons musicaux) a coutume d'offrir des chansons loligènes depuis leur premier album "Navet Maria" fabriqué à la main dans une cuisine. Après des perles du rire comme "Moi aussi la Peacemaker", "Dis-moi des mots doux comme coton ou oreiller", "Je me sens comme Claude François à Castorama", ou des chansons touchantes et/ou faussement engagées mais un peu quand même comme "Sauvons Vivendi" ou "Les bourgeois" ("la chanson la plus à gauche du millénaire après "Je te donne" de Jean Jacques Goldmann").
Avec l'album "Pamplemousse mécanique" de 2006 et leur arrivée dans la grande maison de disque Warner, ils ont pu passer à l'Eurovision et faire des pistes enrichies techniquement et musicalement. Un peu plus engagés, et toujours une demi-heure de pistes cachées à base de Dark Vador au karaoké ou de punks à chiens.
Alors qu'attendre du Sens de la Gravité ?
Eh bien pareil en pire. Des musiques qui tapent bien, on est loin du mixage dans un garage des débuts, et des belles illustrations sur le livret de paroles. Le drame de "Seul et célibataire" du précédent album se transforme en empathie pour les sans-abri du "Canal Saint-Martin", et le "Appuyez ici ; si l'ampoule s'allume vous êtes à Tchernobyl" de l'ancien livret en jolis dessins d'illustrateur.
Sur le disque bien trop court (36 minutes, 12 pistes dont 2 reprises et 1 intro), on compte désormais trois jeux de mots à vocations humoristique (l'un d'entre eux étant le titre de chanson "Ma baraque aux Bahamas").
Donc bon, un peu déçu le fan. S'engager pour dire que les sportifs devraient défendre les droits de l'homme en Chine, que les SDF et les Maliens sans papiers sont victimes d'injustices ou encore que les supporters du PSG ont tendance à se comporter comme des hooligans, c'est gentil mais ça sert pas.
Où sont ces pistes cachées ? Sur le DVD vendu avec ? Peut-être bien, mais il reste superflu...
Mais alors, on se met à écouter, réécouter et re-réécouter la première et dernière piste, le Combat Ordinaire et Canal Saint-Martin. Et elles sauvent peut-être tout l'album. "La casquette de travers, j'avais la classe ouvrière", "Je vais piquet de grève comme on pique une colère", "J'aimerais bien pouvoir me battre en Espagne contre les moulins" et leur mélodie, c'est fort, c'est puissant, ça déchire sa race avec un sécateur.
Pour tout dire, les Fatals Picards se mettent dangereusement à changer, c'est leur choix délibéré (tiens ça rime en prime), mais alors qu'ils affirment faire de l'humour caustique, ils font juste du sentimentalisme d'actualités ou de l'historiette (deux adolescents s'aiment dans "Boum", qui vire en Superbus sans aucun second degré, Lady Diana est morte dans "Lady Diana"...) Et c'est dommage, parce qu'ils avaient un talent fou pour, avec leur décalage, taper juste : ils délaissent les milliards d'auditeurs qui avaient désespérément eu besoin des hymnes "Djembé man" (contre les joueurs de percu bruyants et drogués), "Dors mon fils" (contre les enfants), "Les bourgeois" ("s'il pleuvra à la fête de l'Huma ce sera d'la faute des bourgeois") ou encore "Picardia Independenza" plus que jamais d'actualité.
Les Fataux délaissant le jeu de mots nous laisseraient orphelins de "Si tu veux de l'argent facile il y a bien sûr la Tunisie", "L'économie est pourrie, un jour le caca sort un jour le CAC 40", et autre merveilles de l'acabit "Toi l'intouchable, donne moi ta main man, donne moi ton bras man".
Ainsi donc, le Sens de la Gravité, mangez-en, c'est beau, c'est rock indépendant, c'est pas débile, c'est vendu par les Fatals Picards, avec du vrai Fatal et plus beaucoup de Picard.
A vous les studios !
1 commentaire:
J'ai écouté l'album. J'acquiesce.Moins de fous rires tout seul à l'écouter mais plus de musicalité et plus de calme, ils ont passé la crise d'adolescence maintenant faut voir ce qu'on veut.
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