Johnson Roberto entendit une balle siffler près de son oreille.
"Il est temps de partir", se dit-il. Les frères Carson l'avaient retrouvé.
Johnson courut se protéger derrière une caisse de l'entrepôt. Il en profita pour faire un bilan de sa situation : il avait ce qu'il était venu chercher, il était à deux pas de son avion personnel, mais à part ça, le ciel de son avenir se parait de nuages menaçants. Le gang Carson au complet semblait lui avoir donné la chasse ; ils devaient bien être quinze dans ce hangar, armés jusqu'au dents, sonnant le hallali.
D'un tir bien ajusté, Johnson en abattit un, puis deux tirs rapprochés en atteignirent un autre à la mâchoire. Treize. Des balles se fichèrent dans une caisse juste au-dessus de sa tête, et il en vit une percer le réservoir de l'avion. Le kérosène se vidait sur le sol ; il allait devoir trouver une autre façon de repartir.
"Roberto ! C'est Joe Carson ! On est trop nombreux pour toi, rends-nous la malette et on te laissera peut-être en vie !
-...merci, mais non!"
Les voix et les détonations résonnaient dans le vaste entrepôt. Johnson, accroupi, se retourna et abattit trois hommes qui tentaient de l'encercler. L'un d'entre eux, que Johnson reconnut comme étant Earl Carson, lui tira dans la jambe avant de s'effondrer, un trou sanguinolent à la place de l'oeil droit. Johnson serra les dents. Dix.
"On va t'avoir, Roberto !" "Tu vas crever !" "Il a eu Earl ! Il a eu Earl !"
Johnson savait qu'il n'avait pas une chance de survivre. C'était certes un excellent tireur, mais une fusillade à un contre dix... non, neuf, ne laissaient en vie que les héros de cinéma. La douleur lui fit rater un tir ; une balle de Joe Carson effleura son cuir chevelu. Une autre finit sa course dans son épaule gauche.
Cette fois-ci, Roberto lâcha un cri. Ses ennemis se rapprochaient, tandis qu'il rechargeait de son bras valide. Il se redressa pour faire feu. Six coups, trois victimes. Craignant d'être pris en tenaille, il changea péniblement d'emplacement, laissant sur son passage des traces de sang et de poudre. Il tira dans la direction des assaillants, au jugé. Il en profita pour laisser une balle dans la poitrine d'un adversaire, en échange d'une autre dans le ventre.
Allongé, blessé probablement à mort, sans allié face aux cinq fauves Carson, il se résigna à effectuer le plan d'urgence. Ses entrailles se répandaient sur le sol quand il ôta les doigts de sa plaie abdominale. Tout en tirant en l'air, la main chauffée à blanc, pour éloigner quelques instants ses assaillants, il ouvrit la malette. Il en sortit plusieurs feuillets ensanglantés. Plusieurs personnes étaient mortes pour les obtenir, et lui même allait y laisser la vie pour les reprendre des mains du terrorisme international. Lentement, clairement et distinctement en dépit de la douleur qui pulsait dans son organisme mourant, il lut :
"Petit b, la cause des affections... argh... Le corps transmet à l'âme des images que sa sensibilité traduit en affections [un ennemi s'effondra, la bave aux lèvres]. Ame et affections sont... humpf... complémentaires... [Un autre s'enfuit en hurlant, tenant sa tête dans ses mains] La sagesse ne consiste pas à ne pas avoir de passion... [Deux d'entre eux s'entretuèrent dans leur panique] L'ataraxie est compatible avec l'exercice de la passion mais pas avec les troubles du débordement passionel..."
Dans un ultime hurlement, Joe Carson fut renversé en arrière. Le plus vieux et perfide des parrains du crime international rendit l'esprit.
A son tour, déchirant l'Arme, Johnson Roberto mourut, apaisé.
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C'est sympa les cours de philo, sinon. Oui, je force peut-être un peu sur les virgules, parfois. Autant pour moi.
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