vendredi 6 juin 2008

Ultime chronique

Chronique ultime : liquidation totale avant fermeture

Hum... Ca y est, l'année se finit, camarades. L'année scolaire en tous cas, celle qui compte, en fait, puisque l'année civile est définie approximativement autour du solstice d'hiver pour des raisons de superstition et de tradition. Le simple changement de chiffre sur mon calendrier a bien moins d'incidence dans ma vie que l'arrivée des vacances d'été, des amis qui s'en vont et des amis qui s'en viennent, et tous ces changements qui arrivent pour bouleverser ces habitudes chèrement prises pendant l'année. Le chaos, quoi.

Eh bien, quelle année...
Dans le monde ? Les Etats-Unis s'enlisent, la Chine décolle, les Français s'écrasent.
Dans notre pays ? Le gouvernement gouverne, l'opposition s'oppose, les vrais centristes de convictions n'en ont aucune, le Front national sue à grosses gouttes et vend son bateau pour que des lycéens puissent y danser jusqu'au bout de la nuit.
Dans la ville ? La pièce d'eau est pleine de vase, les trains sont à l'heure, les lunettes de soleil sont de sortie même sous la pluie, les vieilles dames ont peur de moi, les adultes m'évitent et les petits enfants devraient se méfier.
Dans le lycée ? Ah, là, c'est le grand changement ! J'ai pas assez travaillé... euh, on s'inquiète pour notre avenir... euh, les élèves aiment pas les profs... euh, la chapelle est fermée... euh, on est dans des préfabriqués... euh, on a des travaux... euh, on voit des tractopelles... Ah si, c'est vrai ! On a une passerelle ! Vous voyez comme ça change ! Il y a même des Terminales grands, forts, intelligents et talentueux qui jouent de la musique dessus ! On aurait dit les Beatles sur le toit de leur studio, en moins bons ! Crazy Oysters !
Ah, et l'équipe AS foot du lycée a eu des bons scores et a bien tapé dans la baballe, youhou, Hoche représente !...

Sinon, personnellement mais comme tant d'autres, j'ai atteint ma majorité, gagnant considérablement en un jour assez de recul sur moi-même pour pouvoir voter et passer mon permis de conduire. Les seizeniers et les dix-septenaires n'ont évidemment pas du tout la même vision éclairée du monde, mais ont eux aussi gagné une année de vie depuis septembre dernier, entre rencontres, disparitions, batifolage avec de jolis représentants du sexe opposé, fêtes entre amis et lecture du 10minutes [pardon ? on est à Hoche ? Ah, pardon alors. Désolé à ceux qui n'ont pas eu de fêtes, ceux qui n'ont pas d'ami, et ceux qui représentent les opposés au batifolage].

Et comme tant d'autres encore, mon chemin prendra une autre direction que celui de proches, après les vacances d'été. Certains fuient à toutes jambes vers les champs alentour, d'autres reviennent sur leur pas pour refaire leur bout de parcours, d'autres avancent et vont à droite, à gauche, ou vers Compiègne, Rennes, Angers... Admission-postbac me dit que j'aurais dû travailler plus sérieusement, mais je sais ce qui me fournira de meilleurs souvenirs au bout du compte.

Ah, ce lycée que je quitte... Le ciel gris, les toits gris, la corneille qui t'accueille en croassant, les voitures garées là où passait Louis XIV, les statues de faux marbre et leurs visages austères à l'entrée de la chapelle, les tractopelles qui rappellent des monstres géants des premiers âges du monde, brontosaures des marécages se répondant par des signes secrets de leur cou mécanique, Mme Cambier que tu croises dans les couloirs au moment où tu t'y attends le moins, la cantine où disparaissent les élèves turbulents qui réapparaissent ensuite dans ton assiette, et bien sûr les germano-hélléno-latinistes qui traînent dans les couloirs pour te racketter et/ou te tabasser à mort... J'y ai grandi, et m'y suis épanoui, en fait, même si c'est un peu grandiloquent de le dire.

Sinon, je l'ai appris au cours de cette année parmi les nombreuses connaissances indispensables au lycéen pour qu'il devienne un vrai gentleman, Aristote a prouvé logiquement que le bonheur consistait à philosopher. Ahaha ! Quand on tombe sur un résultat comme ça sans se dire qu'on s'est trompé quelque part, on n'est pas très rigoureux.

Hein ? Quoi ? Pas d'humour dans cette chronique qui avait pourtant un naguère ravageur ? Le 10minutes aurait-il ouvert un bureau de la nostalgie amère ? Ou pire, un blog ? Mais où va le monde ?
Eh bien j'aurais assez de subtilité pour ne pas répondre à cette question, demandez plutôt au premier venu il vous montrera aimablement son lieu de destination, quelque part sur votre anatomie.

*****

Sinon, le dernier journal sortira pas, pour cause de "pas assez d'article".

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