lundi 11 février 2008

Une fin du monde de plus

Le vent souffle entre les immeubles abandonnés.
Les rues désertes sont hantées par des chats, des chiens, des hamsters, luttant pour leur survie.
La végétation domestiquée reprend sa croissance anarchique ; on voit des arbrisseaux, déjà, pousser au milieu des routes et sur les toits.
Les antennes n'émettent plus, les radios se sont tues, les télévisions éteintes à jamais. Au fond des océans, les épais câbles inter-continentaux se délitent peu à peu. Les hommes ont disparu.

Ils venaient d'Asie, d'Amérique, ou d'Europe, enfin, d'au-delà les collines, de là-bas au loin, c'est ce qu'on disait. C'est faux, bien sûr. Ils avaient toujours habité près de chez nous. Même si dans un sens, ils venaient de bien plus loin que l'Australie, de bien plus loin que ce que l'humanité pouvait imaginer. On les remarquait du coin de l'oeil, sans vraiment les voir, et notre journée en était embellie. Ils avaient l'art de rendre joyeux, euphorique. Béat.

Puis ils ont fini par se lever. Oh ! Quand on les a vu pour la première fois, tout le monde fut ravi. Sans trop savoir pourquoi, on oubliait nos agressions contre la planète, on ne pensait plus à notre division en tant qu'espèce, à la mort de nos dieux et de nos histoires. On se croyait fort, avec nos esprits brillants et nos techniques avancées, on se croyait protégés.
On les accueillit à bras ouverts, sans trop savoir pourquoi (mais eux le savait). Nous ne pouvions savoir à quel point nous étions faibles, sans aucune défense face à leur séduction, et si appétissants... Ils furent invités sur nos plateaux, dans nos yeux, nos oreilles, nos cerveaux. Ils parlaient, mais personne ne comprenait ce qu'ils disaient ; on ne s'intéressait qu'à la musique de leurs paroles, sans se rendre compte que les mots qu'ils employaient n'étaient pas de nos langages. On croyait les comprendre, mais eux nous étudiaient.
Puis ils s'évaporèrent. Pendant un an, silence total. Leur souvenir s'effaça de nos mémoires, ne laissant qu'un vide ayant leur forme. Les suicides augmentèrent, le monde connu famine, peste et guerre, les experts expliquaient que l'instabilité mondiale étaient dûs à des facteurs géopolitique et économiques complexes, mais personne ne savaient vraiment ce qui s'était passé quelques mois auparavant.

Puis vint la Longue Nuit. Dans les tours, les maisons, les bidonvilles, les jungles, les rues... La musique. Dormeurs et éveillés vivaient le même rêve, dans la léthargie propre à l'irréalité. Ils suivaient les flûtes, les violons, les tambourins, ils marchaient derrière la fanfare, ils se rendaient à la Grande Fête. Dans les files géantes qui se formaient spontanément le long des avenues, un patron et son ouvrier se retrouvait côte à côté en pyjama sans se reconnaître. Certains étaient nus dans l'air glacé sans éprouver le moindre inconfort. Les infirmes, les grabataires se relevaient, mais personne ne s'émerveillait. Tout se rendaient à la fête. Tous souriaient.

A présent, le vent souffle entre les immeubles abandonnés. Les joueurs de flûtes ont disparu eux aussi, et tout est calme.

****


Voilà, bon, j'avais envie d'écrire quelque chose, surtout un conte. Neil Gaiman, je crois, ou peut-être Silverberg, a aussi repris le joueur de flûte de Hamelin, mais du point de vue des rats, dont un sourd, et ça m'a marqué. Parmi les choses qui me gardent en vie, ya la musique, et les histoires. J'aime qu'on me raconte des histoires, et c'est pour ça que je recommence Final Fantasy VIII...

Petit paragraphe MyLife, donc pour terminer en pirouette, une blague :
Qu'est ce qui est jaune ovale et qui devient marron et poilu un soir de pleine lune ?
Une patate garou !

Grrrrrr.

Aucun commentaire: